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Zoom sur Virginie HÉRIOT, grande dame du yachting

Née le 25 juillet 1890 au Vésinet dans la somptueuse villa Hériot, aussi spacieuse disait-on que la Mairie de Versailles.
Virginie HÉRIOT - Class Yacht Club

Virginie HÉRIOT est la grande dame du yachting européen des années trente

Virginie HÉRIOT - Class Yacht ClubNée le 25 juillet 1890 au Vésinet dans la somptueuse villa Hériot, aussi spacieuse disait-on que la Mairie de Versailles.

Virginie est la fille du Commandant Zacharie Olympe HÉRIOT, héritier des Grands Magasins du Louvre et de Anne Marie DUBERNET, de 25 ans sa cadette et ancienne vendeuse de ces mêmes magasins, mariés en 1887.

L’enfance de Virginie s’est partagée entre cette villa du Vésinet, le domaine de La Boissière, près de Rambouillet, acquis par la famille en 1883, et le Château d’Essoyes (près de Troyes dans l’Aube) bâti entre 1890 et 1892.

Elle connait une enfance choyée et dorée dans une famille richissime mais elle sera à jamais marquée par deux drames, la mort de son petit frère Jean âgé de deux ans (né lui aussi au Vésinet) et celle de son père en 1899.

En 1904, à 14 ans, elle participe à sa première grande croisière sur le KETOOMBA (rebaptisé SALVADOR peu après), luxueux steamer que sa mère vient d’acquérir. Elle y embarque avec son frère Auguste et sept amis de la famille. Cette croisière prodigieuse fait rêver : d’avril à juin, la jeune adolescente découvre Naples, Pompei, Syracuse, Constantinople, Jérusalem…

Le 2 mai 1910, âgée d’à peine 20 ans, Virginie épouse à La Boissière le Vicomte François Marie Haincque de Saint Senoch. Pour la famille Hériot, c’est la consécration et l’entrée dans l’aristocratie. Ce fastueux mariage est resté dans les mémoires : le défilé des 120 voitures qui transportent les invités, le banquet de 600 couverts ont marqué les esprits. Le Vicomte partage avec sa jeune épouse le goût de l’océan : ils partent en voyage de noces à bord du SALVADOR reçu en cadeau de mariage. Leur fils Hubert naît le 5 janvier 1913. La déclaration de la guerre en 1914, vient interrompre la succession de croisières des époux et la carrière sportive de Virginie.

En 1912, elle fait construire son premier yacht de course, le 10mJI AILE (F4), avec lequel elle va tenter, à Ryde dans les eaux de l’Ile de Wight, de reconquérir la Coupe de France que les anglais détiennent depuis deux ans. Elle échoue, mais peu importe, c’est le début d’une grande aventure pour le matelot Virginie comme elle aime se faire appeler et dont sortiront rehaussés son esprit de compétition et son amour de la mer.

Virginie HÉRIOT - Class Yacht Club

Virginie et son époux se séparent, en juin 1921. A compter de cette date, Virginie se consacre entièrement à sa passion, la navigation, délaissant son luxueux appartement parisien de la Rue de Presbourg. Durant deux ans, elle navigue sur un imposant bâtiment à vapeur, le FINLANDIA, qu’elle vient d’acquérir après son divorce. Véritable palais flottant, il mesure 85 mètres et jauge 1492 tonneaux. C’est un des plus beaux navires de l’époque. Elle le remplacera pourtant en 1924 par une goélette de 400 tonneaux plus proche de ses aspirations. Elle baptise son magnifique voilier Ailée.
Elle fait également construire des bateaux de compétition AILE (8mJI) et PETITE AILE (6mJI). Elle étudie tout elle-même : dessin de la carène, disposition des mâts, coupes de voiles, surveillant même les travaux. En 1922, son 8mJI AILE II est battue au Havre en Coupe de France par BERA le 8mJI de Johan ANKER. Malgré les défaites successives de ses débuts dans la compétition, son courage, son énergie et son esprit de solidarité lui font mériter le respect le plus enthousiaste de ses équipages. Et peu à peu, les victoires s’enchaînent, le tableau en est impressionnant.

L’année 1928 voit sa plus belle victoire. En août, à Amsterdam, à bord du 8mJI AILE VI, Virginie remporte la médaille d’or aux Jeux Olympiques ainsi que la Coupe d’Italie contre la Hollande, l’Italie, l’Angleterre, les USA, la Suède, la Norvège et l’Argentine. Ces exploits lui valent la Légion d’Honneur.

Mais les performances de AILéE ne suffisent plus à Virginie Hériot qui, en 1928, fait construire AILéE II : trois mâts de 57 mètres, avec 1116 mètres de voiles, ce splendide voilier, construit en Angleterre par le chantier Camper et Nicholson, très proche de CRÉOLE, est la fierté de Virginie. AILÉE II navigue dix mois sur douze avec un équipage de 24 hommes (deux bordées de douze).

Et 1929 est également riche en victoires. Avec AILE VI Virginie reprend enfin La Coupe de France aux Anglais représentés par UNITY. Elle remporte aussi la coupe d’Italie et la coupe du Roi d’Espagne.

En 1931 a lieu le match AILÉE II (au premier plan sur la photo) contre SONIA II (166 ft) le plan Charles NICHOLSON 1930 de Marion CARSTAIRS sur le parcours Ryde, Le Havre, Ryde. C’est Virginie HÉRIOT qui remporte de 9 minutes et 40 secondes la jolie Coupe offerte pour l’occasion par l’architecte de Gosport.

Engagée le 27 août 1932 dans la Régate du Cinquantenaire du Club d’Arcachon, elle s’évanouit à la barre du 6mJI PETITE AILE V en voulant se montrer au Ministre Georges Leygues à la barre de son bateau. Elle meurt le lendemain à bord d’AILÉE II, à 42 ans.

AILÉE II sera léguée à l’état neuf à la Marine Nationale qui la laissera à l’abandon et finira par la détruire … puis vendre le lest pour acheter des Star et des Requin (Guy Ribadeau-Dumas in Yachting Classique n° 29).

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